Saint-Gaudens

L’histoire de Saint-Gaudens

Située à proximité de la voie romaine reliant Dax à Toulouse, la présence d’une communauté d’habitants, depuis la plus haute Antiquité, est attestée, en particulier, par la découverte d’épigraphies et de vestiges « gallo-romains » dans la ville basse au lieu-dit le « Pouech » et sur la ville haute près de la Collégiale.

Le nom initial de la commune semble provenir de la présence, dans les premiers siècles de notre ère, d’un vaste domaine rural appelé Mansus qui, par déclinaison, a donné le nom Mas. Celui-ci fut complété, lors de la christianisation du Comminges, pour devenir « Mas Saint-Pierre ».

Vers 475, les Wisigoths et leur roi Euric, qui occupaient l’Aquitaine, vinrent persécuter les chrétiens orthodoxes. Un jeune berger nommé Gaudens, natif du hameau des Nérous, qui gardait un troupeau au lieu-dit La « Caoue », refusant d’abjurer sa foi chrétienne, eut la tête tranchée. Selon la légende, il se releva, prit sa tête entre ses mains, courut jusqu’au Mas Saint-Pierre et se réfugia dans l’église dont les portes se refermèrent aussitôt derrière lui. Les fidèles recueillirent alors son corps, puis conservèrent ses ossements et ceux de sa mère, Quiterie, une sainte veuve qui l’avait instruit dans la foi et contre l’hérésie.

L’importance de la vénération pour ce jeune martyr entraîna un changement du nom de la commune en

« Saint-Gaudens » ; sanctification populaire, confirmée en 1309, par le Pape Clément V, ancien évêque de Comminges.

Dans la première moitié du XIème siècle, un autre évêque de Comminges, nommé Bernard, confère le titre de chanoine aux membres de la communauté de religieux existant dans la commune et leur donne une église dont il a commencé la construction. Elle ne sera achevée qu’à la fin du XIIème siècle : c’est l’actuelle Église-Collégiale de la ville. Le cloître de la fin du XIIème siècle sera remanié au XIIIème et au XIVème siècle, démantelé à la Révolution française avant d’être restitué dans sa version actuelle entre .

Au XIIème siècle, naquit dans la ville de Saint-Gaudens, Saint-Raymond (+ 1163), moine cistercien qui fonda, en 1158, en Espagne lors de la « reconquête » sur les Maures, l’ordre militaire et religieux de Calatrava.

En 1202, le Comte de Comminges, Bernard IV, voulut connaître les coutumes qui liaient ses ancêtres et la commune. Il les fit consigner et compléter dans un document unique appelé « la Grande Charte de Saint-Gaudens ». Ce texte, confirmé par tous les seigneurs successifs de la cité (dont la commune possède une copie : « un vidimus » sur parchemin de 1345), régla, pratiquement sans grand changement, la vie municipale, fiscale, juridique et judiciaire des habitants de la cité jusqu’en 1789. Et même au-delà, puisque les marchés se tiennent aujourd’hui encore le jeudi tel qu’indiqué dans cette charte.

La commune fut administrée par un Conseil composé de 16 membres puis de 24 appelés « Proshomes » qui élisaient annuellement des Consuls, sorte d’exécutif du Conseil.

Les armes de la Ville portent une « cloche d’argent à battant d’or sur fond d’azur », symbole des libertés communales.

D’abord possession des Comtes de Comminges, Suite à une guerre successorale générée par Pétronille de Bigorre, fille légitime du comte Bernard IV de Comminges, Saint-Gaudens passa, en 1258, avec d’autres territoires du Comminges, aux mains de Gaston VII de Béarn.

En 1270, à la suite d’un accord définitif relatif à ce conflit, Saint-Gaudens devint la capitale de la Vicomté de Nébouzan, faisant partie du domaine de la Maison de Foix-Béarn, puis du domaine royal de Navarre. Ce qui fit que Saint-Gaudens eut comme illustres seigneurs : Gaston Fébus (ou Phoebus) et Henri IV, qui apporta, en 1607, tous ses domaines au Royaume de France.

Les États du pays de Nébouzan se tenaient tous les ans, à Saint-Gaudens, dans l’ancien hôtel de Ville qui se trouvait à l’emplacement de l’actuel musée municipal, désormais nommé « Le Musée – Arts & Figures des Pyrénées Centrales ».

A cette même époque, l’habitat de la ville est cantonné à l’intérieur d’un étroit périmètre fermé par des remparts de galets et traversé par une seule voie, d’ouest en est, passant par la place du marché (actuelle place Jean Jaurès), au pied de la Collégiale. Au cours des siècles, une extension de l’habitat, toujours protégé par des remparts, se concrétise hors du cœur initial de la ville, vers le nord.

Deux portes principales donnaient accès à l’intérieur de la cité. A l’ouest, la porte du Barry avec un petit pont enjambant les fossés (début de l’actuelle rue Victor Hugo) et, côté ouest, la porte de la Trinité (extrémité de l’actuelle rue de la République).

Deux portes secondaires ouvraient au nord et une porte au sud. Cette configuration perdura jusqu’à la fin du XVIIIème siècle.

A l’intérieur des remparts, les hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, établis au XIIème siècle, accueillirent les pèlerins et soignèrent les malades. En 1293, après la Guerre contre les Albigeois, initiée pour combattre l’hérésie Cathare, un couvent de Jacobins fut fondé à proximité de l’enceinte de la ville « hors les murs ».

C’est au cours des guerres de religions, le 2 août 1569, que les Huguenots, conduits par le Comte de Montgoméri, pillèrent la ville, saccagèrent la Collégiale, ses archives, ainsi que le couvent des Jacobins. Une partie des reliques du jeune martyr Saint-Gaudens put malgré tout être sauvée.

Au sortir de ces décennies troublées, Saint-Gaudens retrouva, dans la deuxième moitié du XVIIème siècle, un nouveau développement commercial et administratif, avec l’installation de la maîtrise particulière des eaux et forêts, l’Inspection des Manufactures, etc. Le négoce du textile local : Cadis, Razes et autres étoffes de laine, ainsi que le marché hebdomadaire, qui drainait le produit des diverses activités agricoles des petites vallées des Pyrénées centrales, redevinrent florissants.

Le XVIIIème siècle, sous l’impulsion des intendants d’Auch, conforta ce développement économique et territorial avec la réalisation de grands axes routiers qui existent encore. Un subdélégué de l’Intendant d’Auch est ainsi nommé à Saint-Gaudens.

Les fossés médiévaux qui entouraient la ville sont peu à peu comblés et vendus ; ce qui permit une extension des immeubles avec jardins et la réalisation de beaux hôtels particuliers dont la construction ou la reconstruction se poursuivit jusqu’au milieu du XIXème siècle, particulièrement le long de la promenade du Midi (actuel boulevard Jean Bepmale).

En cette période de la fin XVIIIème, on ne trouvait, en dehors du périmètre initial des remparts, que peu d’habitat sauf dans les quartiers de la plaine dit du « Pouech » et « Sainte-Anne », ainsi que quatre établissements notables : le couvent des religieuses de Notre-Dame (actuel Collège Didier Daurat) fondé en 1642, le Séminaire (actuel Collège Leclerc) touchant la Maison de l’Évêque (actuelle Sous-Préfecture), le Couvent des Jacobins, aujourd’hui démoli, sis à l’emplacement de l’actuelle Caisse d’Épargne.

Et la Révolution arrive ! Le 26 juillet 1789, les trois ordres du Nébouzan se réunirent au palais communal de Saint-Gaudens pour la préparation des États Généraux du Comminges. En mai 1791, commencèrent les aliénations à l’origine de la disparition des trois communautés religieuses de Saint-Gaudens. L’évêché fut délaissé ; les chapelles de la Caoue, de Sainte-Anne et de la Serre-de-Cazaux démolies sur ordre du district. La collégiale servit de prison aux 500 prisonniers issus de l’insurrection royaliste défaite à Montréjeau le 21 août 1799. Saint-Gaudens prit la tête d’un arrondissement lorsque ces derniers remplacèrent les districts. L’Empereur Napoléon affecte les bâtiments de l’ancien Evêché à la Sous-Préfecture.

Le Saint-Gaudinois Armand Marrast naquit en 1801. Il fut maire de Paris en 1848, élu conseiller général la même année et Président de l’Assemblée Nationale Constituante en 1849.
Commença alors la révolution économique avec, à l’échelon local, diverses activités liées au tissage, à l’élevage, aux mines et aux carrières. Ce fut également durant cette période que se créa la célèbre fabrique des porcelaines dite « de Valentine » dont Le Musée – Arts & Figures des Pyrénées Centrales conserve des pièces marquantes à la décoration luxuriante.
En 1874, le gouvernement proposa à la ville d’accueillir le 2ème bataillon du 83ème Régiment d’Infanterie ce qui ajouta au rayonnement de la ville et contribua à un conséquent développement démographique.

En matière d’urbanisme, le mouvement de renouveau du siècle précédent se poursuivit par la conquête de nouveaux espaces autour de la vieille ville. Cela permit l’édification de bâtiments structurants tels que le marché, l’hôpital, le tribunal. Il faut souligner, en la matière, l’importance de l’action de Jean Bepmale qui fut le premier magistrat de la ville pendant trente-sept ans, de 1884 à 1921. Il donna à cette commune sa configuration actuelle en créant notamment un boulevard périphérique.

Le Grand Prix automobile du Comminges est lancé en 1925 par Eugène Azémar.

En 1932, un monument à la gloire d’Augustus Saint-Gaudens, le « Rodin Américain », d’origine Aspétoise, est installé devant les escaliers monumentaux en contre-bas du boulevard Jean Bepmale. Il sera démantelé par les Allemands pendant l’occupation.

En 1951, le monument à la gloire des « Trois Maréchaux de la Première guerre mondiale » originaires des Pyrénées : Ferdinand Foch, Joseph Joffre et Joseph Gallieni est inauguré par le Président de la République, Vincent Auriol.

C’est le 2 septembre 1957 que La Cellulose d’Aquitaine, usine de pâte à papier, est inaugurée à Saint-Gaudens, en bord de Garonne. Elle sera source d’emplois jusqu’à nos jours et aura jusqu’à un millier de salariés dans les années 70 avant d’être vendue plusieurs fois. Aujourd’hui elle porte le nom de Tembec.

En 1996, la construction de l’autoroute A 64 désengorge la ville du flux de véhicules qui la traversaient pour longer les Pyrénées ou pour aller vers les proches stations de skis de Superbagnères, Peyragudes, Le Mourtis, etc.ou encore vers l’Espagne par le Val d’Aran.

Saint-Gaudens continue son existence et aborde le troisième millénaire, riche de ces siècles passés, en n’oubliant pas de faire perdurer les traces de son histoire